Nous vivions à Paris, dans le 20ème arrondissement, rue Vilin; c'est une petite rue qui part de la rue des Couronnes, et qui monte, en esquissant vaguement la forme d'un S, jusqu'à des escaliers abrupts qui mènent à la rue du Transvaal et à la rue Olivier Métra.
La rue Vilin est aujourd'hui aux trois quarts détruite. Plus de la moitié des maisons ont été abattues, laissant place à des terrains vagues où s'entassent des détritus, de vieilles cuisinières et des carcasses de voitures; la plupart des maisons encore debout n'offrent que des façades aveugles.
Il y a un an, la maison de mes parents, au numéro 24, [...] était encore a peu près intacte. On y voyait même, donnant sur la rue, une porte en bois condamnée au-dessus de laquelle l'inscription COIFFURE DAMES était encore à peu près lisible.
L'immeuble du numéro 24 est constitué par une série de petites bâtisses, à un ou deux étages, encadrant une courette plutôt sordide. Je ne sais pas laquelle j'ai habité. Je n'ai pas cherché à entrer à l'intérieur des logements, aujourd'hui généralement occupés par des travailleurs immigrés portugais ou africains, persuadé du reste que cela ne raviverait pas davantage mes souvenirs.
Photo : Escaliers de la rue Vilin, Willy Ronis, 1948.